Journaliste américain envoyé en 1935 à Berlin, Varian Fry (1907-1967), alors tout juste âgé de 27 ans, a été témoin de la persécution des Juifs et des transformations profondes de la société et de la politique allemandes sous le régime national-socialiste.
À partir du mois d’août 1940, mandaté par l’ERC (Emergency Rescue Committee), il s’installe à Marseille, en zone non-occupée à l’époque. La ville désignée par les mandataires américains pour sa situation stratégique en vue d’un départ vers les U.S.A. se révèlera de plus être le lieu choisi par un grand nombre d’émigrés qui y retrouvent des compagnons d’infortune et espèrent se « noyer » dans la foule pendant la longue attente de papiers et d’un moyen de quitter la France.
Dès le surlendemain de son installation, les premiers réfugiés se présentent à l’hôtel Splendide qui va lui servir de bureau provisoire. Varian Fry dirige le bureau français du CAS (« Centre américain de secours ») avec le Berlinois Albert O. Hirschmann, les Français Daniel Bénédite et Jean Gemähling, l’Autrichien Bil Spira, le social-démocrate allemand Fritz Heine et les militants antinazis allemands Lisa et Hans Fittko.
En treize mois, le CAS aura, par des moyens légaux ou illégaux, sauvé plusieurs milliers de personnes. Le « non respect » des limites de ses instructions - « fournir toute aide nécessaire aux personnes menacées et faciliter l’entrée aux États-Unis de personnalités importantes ou utiles » - sera la raison invoquée par l’ERC pour obtenir du gouvernement de Vichy l’expulsion de France de Varian Fry dès l’été 1941.
Varian Fry lèguera ses souvenirs dans le livre Surrender on demand reparu en France en 2008 aux éditions Agone sous le titre Livrer sur demande... Quand les artistes, les dissidents et les juifs fuyaient les nazis (Marseille, 1940-1941).
De son vivant Varian Fry n’obtiendra de reconnaissance que de la France qui lui remet la médaille de Chevalier de la Légion d’honneur à New York en avril 1967.
Six mois plus tard Varian Fry décède à Ridgefield.
C’est donc à titre posthume qu’en 1991 le United States Holocaust Memorial Museum le distingue par la médaille Eisenhower de la Libération. En 1996, Fry est honoré au Mémorial de l’Holocauste « Yad Vashem » à Jérusalem en tant que « Juste parmi les nations ».
Suivront en 1998 la décoration de Citoyen d’honneur de l’Etat d’Israël, en 2000, le nom « Place Varian Fry » devant le Consulat des U.S.A. à Marseille et enfin en 2004, sur l’initiative de Hans Sahl et d’Edzard Reuter, la « Varian Fry Strasse » à Berlin et une plaque commémorative à la station d’autobus qui porte son nom.
Pour rendre hommage à l’action de Varian Fry, l’association « Aktives Museum, Berlin » a organisé l’exposition « SANS HESITER Varian Fry : Berlin-Marseille-New York » dont la Maison Heinrich Heine présente à Paris la partie itinérante du 14 au 28 septembre 2010.