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Hélène Cixous
samedi 23 mars 2013
de 09h30 à 15h30

organisé par le Collège international de philosophie (CiPh) et l’Université Paris 8 en coopération avec la Maison Heinrich Heine

Voilà le motif et le mobile de la littérature. Faire passer l’air de l’écriture, la rumeur, la rumination, dans la chambre où couve l’assassinat – afin de le sauvegarder.

Veiller à établir le rythme de la double souffrance. Comme Kafka, comme Proust, comme Derrida, se demander : qu’ai-je de commun avec telle race maudite, avec les juifs comme avec les femmes, comme Dostoïevski avec les petits enfants comme avec les bannis et bagnards. Se garder comme, se garder de dire, garder le secret, jusqu’à une certaine heure.

On le sait – le sait-on ? – écrire c’est sans l’avoir voulu oser dire qu’on a tué sa mère, sans l’avoir voulu. C’est elle qui a commencé, songe le poète. Ne nous a-t-elle pas abandonné ? N’a-t-elle pas, l’adorée, éveillé en nous « Les Sentiments Filiaux » qui nous injectent dans le cœur le poison-poème ? Le poète, s’il s’appelle Proust comme Rousseau ou Dostoïevski comme Genet, cherche sans fin « une arme qui tuerait le jeune homme parfait qui m’habite et m’oblige à donner asile à tout un peuple animal ».

Dans la chambre fracassée, où s’attarde en soupirant la Voix de maman, la Vie, nous rappelle Proust, oui, la vie, apporte au garçon son présent : fusil, revolver et plume.

On se rappellera donc :

Kafka : Journal ; Le Verdict Dostoïevski : Les Possédés Derrida  : Circonfession ; Abraham, l’autre (dans Judéités)  ; États d’âme de la psychanalyse Genet : Le Captif Amoureux Proust : Jean Santeuil ; A la Recherche du temps perdu Cixous  : Revirements  ; Simples

Le séminaire se poursuivra au second semestre : 20 avril, 25 mai et 15 juin 2013