top
Hélène Cixous
samedi 17 mai 2014
à partir de 09h30

organisé par le Collège international de philosophie (CiPh) et l’Université Paris 8 en coopération avec la Maison Heinrich Heine

Voilà le motif et le mobile de la littérature. Faire passer l’air de l’écriture, la rumeur, la rumination, dans la chambre où couve l’assassinat – afin de le sauvegarder. Suis-je le narrateur de Proust je pourchasserai maman, je tournerai autour d’elle, et je me ferai repousser dans l’escalier jusqu’à l’échafaud. C’est ce que je désire et redoute d’un même élan terrifié. Je veux voler un baiser à maman et y gagner mon chastiment. On le sait – le sait-on ? – écrire c’est sans l’avoir voulu oser dire qu’on a tué sa mère, sans l’avoir voulu. C’est elle qui a commencé, songe le poète. Ne nous a-t-elle pas abandonné ? N’a-t-elle pas, l’adorée, éveillé en nous « Les Sentiments Filiaux » qui nous injectent dans le cœur le poison-poème ? Le poète, s’il s’appelle Stendhal comme Rousseau ou Dostoïevski comme Genet, cherche sans fin « une arme qui tuerait le jeune homme parfait qui m’habite et m’oblige à donner asile à tout un peuple animal ». Dans la chambre fracassée, où s’attarde en soupirant la Voix de maman, la Vie, nous rappellent Hamlet, Proust, oui, la vie, apporte au garçon son présent : fusil, épée, revolver et plume. On se rappellera donc : Shakespeare : Hamlet Dostoïevski : Les Possédés Derrida : Circonfession ; Abraham, l’autre (dans Judéités) ; États d’âme de la psychanalyse Stendhal : La Vie de Henry Brulard Proust : Jean Santeuil ; La Recherche du temps perdu Cixous : Chapitre Los Ce séminaire se poursuivra au deuxième trimestre 2014


en coopération avec
organisé par