Tout au long du règne de Hitler, Victor Klemperer, un professeur d’université juif désormais condamné à vivre reclus, prend note dans son Journal des graves distorsions infligées à la langue allemande par le nazisme. La Langue confisquée (Premier Parallèle 2019) restitue cette démarche, ce geste critique qui aide à comprendre comment on adhère à un langage, quel qu’il soit, et à l’idéologie qu’il sous-tend. La langue est un révélateur, qui dit la vérité de son temps. Lisant Klemperer, c’est aussi notre temps que l’essayiste et traducteur Frédéric Joly interroge, propice à d’inquiétantes résurgences sémantiques aussi, où se voit brouillée la distinction essentielle entre le vrai et le faux.